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Edouard DEGAY DELPEUCH
Membre associé, Docteur en Sciences Politiques et Sociales
Présentation des recherches
Thèse : "Down The Rabbit Hole: Une anthropologie de la circulation des médias thaïlandais à l'heure de la globalisation numérique"
Résumé :
Depuis plus d’une décennie, des musiques dites « psychédéliques » et « funk » venues de Thaïlande circulent sur les réseaux sociaux ou dans les bacs des disquaires, de Bangkok à Los Angeles, rebattant les cartes de la mondialisation musicale. Ma thèse porte sur la façon dont la Thaïlande négocie son identité et sa culture au cœur de ce phénomène globale. Pour ce faire, je m’attache à une catégorie musicale particulière, celle d’« universalité » (sakon) développée au début du XXe siècle. J’observe les aléas de cette catégorie, prise comme un euphémisme pour parler d’Occident, dans le regard des anciennes puissances coloniales européennes et des États-Unis, ou au contraire prise comme une fenêtre sur le monde, du côté de la Thaïlande, seul pays d’Asie du Sud-Est a ne pas avoir été formellement colonisé et qui, depuis le milieu du XIXe siècle, cherche à trouver sa place dans le nouvel ordre culturel et civilisationnel mondial. Jusqu’au milieu du XXe siècle, la musique sakon a du mal à s’implanter dans les campagnes thaïlandaises : mais sous le coup de l’exode rural, une musique émerge qui l’ancre peu à peu : le luk thung, littéralement la musique des « enfants des champs ». Sur différents terrains je propose une anthropologie de la circulation : au musée, où la musique luk thung devient le terrain de crispations identitaires nationales, ou au cours des soirées "Paradise Bangkok", tandis qu’elle est jouée comme de la musique « funk ». J’observe enfin le cas d’un groupe de processions villageoises de la région de Phetchabun, connu comme le Khun Narin Electric Phin Band, mené à être enregistrer et à tourner internationalement comme un groupe de "rock psychédélique thaï". Au-delà de la notion d’appropriation, comment s’articulent les multiples formes d’assignations qui résultent de la circulation d’une musique à l’échelle globale ? Questionnant les processus suivant lesquels l’objet musical est matérialisé et dématérialisé, approprié et désapproprié, je propose de mettre en valeur différentes stratégies aujourd’hui à l’œuvre dans les phénomènes de circulation transnationaux, pour capturer le lointain dans le proche ou au contraire projeter le local dans le global.
Mot-clés : anthropologie de la circulation - Thaïlande - musique
Travaux sélectionnés
- 2019 - « David Novak, Feedback global et mort du son : une anthropologie de la Japanoise. Entretien avec Edouard Degay Delpeuch », Volume ! Varia, n°15-1, pp. 119-134
- 2018 - « When Non-Western Music Sounds Psychedelic : Producing Thai Marching Band as True Guitar Heros », Ethnomusicology Review, « Notes from the Field », Université de Californie à Los Angeles (UCLA), février 2018, accessible en ligne : https://ethnomusicologyreview.ucla....
- 2018 - « Les maîtres de la fête : Une cérémonie du wai khru de la province de Phetchabun (Thaïlande) », Moussons, n°31, 2018-1, pp. 219-240.
- 2017 - « Musique et rencontre », un couple qui ne va pas de soi : le projet Conservason des Grands Voisins » par Edouard Degay Delpeuch (CASE/Centre Georg Simmel) & Frédéric Trottier (Centre George Simmel) – EHESS Paris, Haizebegi # 4 : Les Mondes de la Musique, revue annuelle, novembre 2018, Bayonne, pp. 155-166.